Une adolescente en trouble, face à son corps qui grandit, son corps qui change, qui s’étend, trop vite, trop mal. Le public la voit lutter à deux moments de son adolescence, toujours face à un corps qu’elle n’arrive pas à apprivoiser mais avec lequel elle parvient malgré tout à jouer. Comment vivre avec un corps trop grand pour elle ? Quelle violence se terre dans ces transformations, qu’on les rejette ou qu’on les accepte ? En tout cas elle est là, encombrée d’une queue qui la suit comme son ombre. Face au public, face à ces yeux posés sur elle, ces yeux qui attendent un spectacle qu’elle n’a pas envie de donner.

Au coeur du spectacle, un corps agrandi, qui renvoie autant à nos simiesques ancêtres qu’aux tentatives transhumanistes. Une queue. Symbole de tout ce qu’on se traîne, de ce qu’on a perdu et qu’on aimerait retrouver, de ce qu’on aimerait perdre et dont on n’arrive pas à se débarrasser, nous la voyons comme un signe de notre immaturité et nos perpétuelles transformations. Comment la réinvention de soi, de son corps, permet-elle de faire surgir des parts indélicates, inavouables, inappropriées, pour ne pas dire inracontables, de nos identités ?

Pensée pour l’espace public, lieu des regards, des rencontres et du commun, cette création repose sur le parcours d’une adolescente en construction, qui explore, rejette et exploite son corps étendu. Aussi bien queue-carapace s’inspirant du pangolin, que queue dynamique à l’image du Marsupilami, sa queue-agrès lui permet de jouer avec le monde qui l’entoure. Elle est une queue doudou, une queue attache, pour de là-haut regarder passer les passants.