Hervé est un homme d’une cinquantaine d’années qui bibelote dans le garage de sa maison de banlieue. Menant une vie solitaire, il consacre la majeure partie de son temps à la constitution minutieuse d’une collection d’appeaux. Et quand il ne communique pas avec les volatiles, ou à distance avec sa nièce chérie, étudiante en bioacoustique, par échange de messages vocaux, c’est sur l’écran de son ordinateur qu’il multiplie les onglets le redirigeant vers réseaux sociaux et sites d’information, dont émerge un forum en particulier : la « communauté des aposibilaphiles », avec qui il partage ses enregistrements d’imitations d’oiseaux.

Qui sont donc ces étranges créatures, aux frontières du vivant, qui déambulent dans les rues ?

Déploiement dans l’espace public de paysages mouvants, d’êtres hybrides faits de tissus et de morceaux de forêt, Les Chuhutes est un spectacle pluridisciplinaire qui explore notre rapport au merveilleux et à l’autre.

Accompagnés d’une création musicale originale, les êtres inventés par le Collectif 19 Platanes envahissent nos espaces quotidiens, pour nous confronter à l’inconnu, nourrir notre besoin d’imaginaire et nous interroger sur nos façons d’habiter l’espace.

Un skateboarder débutant tombe pour la première fois et se casse le bras. Il fera face à son échec et à sa peur de la chute.

Une adolescente en trouble, face à son corps qui grandit, son corps qui change, qui s’étend, trop vite, trop mal. Le public la voit lutter à deux moments de son adolescence, toujours face à un corps qu’elle n’arrive pas à apprivoiser mais avec lequel elle parvient malgré tout à jouer. Comment vivre avec un corps trop grand pour elle ? Quelle violence se terre dans ces transformations, qu’on les rejette ou qu’on les accepte ? En tout cas elle est là, encombrée d’une queue qui la suit comme son ombre. Face au public, face à ces yeux posés sur elle, ces yeux qui attendent un spectacle qu’elle n’a pas envie de donner.

Un projet transdisciplinaire né du deuil d’un lieu et d’un double besoin : celui de raconter cette expérience d’une carrière de sable, et celui de se dire qu’elle pouvait être transposable ailleurs. Que les histoires des mineurs qui l’ont creusée et des teufeurs qui l’ont occupée trouveraient nécessairement des échos ailleurs. Que les êtres invisibles qui occupent son silence et son obscurité hantent sans doute d’autres espaces. De là est née la volonté de composer, en groupe, un atlas imaginaire des disparus. Une recherche de fantômes à travers la France, sous formes de récits, de performances et de vieilles diapositives.

Et si Hercule, demi-dieu et fils de Zeus, guerrier redoutable, avait comme défi douze terribles tâches ménagères. Serait-il capable de les accomplir ?